" Cela n'empêche et n'empêchera pas une importante proportion des gens d'affirmer qu'il n'y a rien après la mort. C'est une conviction qui ne me choque pas, si ce n'est par son aspect péremptoire et surtout par l'intelligence supérieure dont se targuent ses tenants. Comment s'en étonner ? Se sentir plus intelligent qu'autrui est toujours le signe d'une déficience. " Amélie Nothomb - Soif (2019)
Depuis l’enfance, quelque chose en moi s’est toujours tourné vers la mort.
Pas avec fascination morbide, pas dans l’ombre ou la tristesse.
Plutôt avec une curiosité silencieuse, une forme de tendresse pour ce mystère que personne n’ose regarder de trop près.
J’aimais Tim Burton, son regard poétique sur l’obscurité, cette manière qu’il a de rendre douce la frontière entre les mondes.
Pas par goût du sombre, mais par intuition : il existe autre chose derrière ce voile.
Quelque chose de sensible, de vivant, de continuel.
Très jeune, j’ai vu des proches partir.
Et ce qui m’a frappé, ce n’est pas tant la mort elle-même…
C’est ce qu’elle laissait derrière.
Un corps vide, une présence intacte.
En voyant les corps de membres de ma famille, j’étais frappé par une évidence silencieuse : ils n'étaient plus là !
Le corps était intact, mais la vie, elle, s’était retirée.
Comme si quelqu'un avait tiré doucement le fil de lumière qui animait tout.
Pourtant, au même moment, j’ai senti leur présence.
Pas imaginaire.
Sensible. Perceptible. Presque palpable.
J’étais face à une contradiction merveilleuse :
ceux que j’aimais n’étaient plus dans leur corps, mais ils n’avaient jamais été aussi proches. Quand l’invisible devient intime.
Depuis, ils continuent de se manifester.
Par des chansons qui arrivent exactement au bon moment.
Par des phrases entendues quelque part, qui résonnent comme des réponses.
Par des signes discrets, précis, presque taquins.
Par cette guidance douce, jamais imposée, toujours présente.
Ils ne sont plus là physiquement, mais ils ne sont pas partis.
Et cela, je ne l’ai pas rêvé. Je l’ai vécu.
C’est drôle d’ailleurs : on dit souvent que les morts nous quittent.
Mais en réalité, ils se déplacent.
Ils changent de forme.
Ils changent de rôle.
Ils deviennent présence, souffle, souvenir vivant, lumière qui accompagne.
La mort n’est pas une coupure
La mort n’est pas un gouffre.
Ce n'est pas le néant.
Ce n'est pas une disparition.
C'est un passage.
Une étape dans un voyage plus vaste que ce que notre esprit humain peut contenir.
Un retour vers une forme de conscience pour laquelle nous n’avons ni définitions ni certitudes, seulement un souvenir intérieur.
Ceux qui partent ne s’éteignent pas.
Ils se transforment.
Ils nous précèdent.
Ils nous veillent.
Ils nous apprennent ce qu’aucun livre ne peut enseigner.
Et alors, qu’en faire ici ?
Lorsque l’on sait – pas intellectuellement, mais profondément – que la mort n’est pas une fin, la vie change.
La peur recule.
Le sens se dévoile.
Le temps devient un compagnon, non un ennemi.
Et surtout, l’amour prend toute sa place.
On ne vit plus pour accumuler.
On vit pour relier.
Pour ressentir.
Pour transmettre.
Pour aimer tant qu’on est ici, et même après.
La mort nous apprend la vie.
Quelles traces les êtres disparus ont-elles laissé en vous ?
Les sentez-vous encore près de vous, par moments, sous des formes discrètes mais indéniables ?
Où en êtes-vous dans votre relation à la mort, et qu’est-ce que cela révèle de votre façon de vivre aujourd’hui ?
Commentaires (0)